<Tribune Libre>
Premières armes, par Frederic
Entre temps le grand avait acheté un break ID 20 de 1971 avec des ailes avant antérieures et revendu la R 12, vous savez celle du retour de Montluçon. Il avait été chercher cette voiture du coté de Nîmes chez un casseur connu des amateurs de DS, qui lui avait dit que la voiture remonterai sur Paris sans problème. Le voilà donc prenant l’avion pour Nîmes avec sa caisse à outils, la tête du policier de l’air en voyant le bagage à main. La transaction faite il prend aussitôt la route en décidant de faire un détour par Langogne dire un petit bonjour à de la famille. Je ne sais pas si vous connaissez la route par là-bas ? Cela ne fait que monter et descendre puis tourner et retourner pour remonter à nouveau.
Ce qui fait qu’à ce rythme-là le break s’est mis à chauffer. Comme il était plus près de Langogne que de Nîmes il décida de continuer sa route, s’arrêtant dès que le voyant rouge s’allumait, laissant le moteur refroidir. Il en profitait alors pour dormir puis repartait sans toutefois trop solliciter le moteur. Faisait de la roue libre dans les descentes jusqu'au prochain allumage du voyant stop. Laissait refroidir et repartait de nouveau. Quel soulagement en voyant le panneau Langogne!
Dans le garage de la tante il démonta le radiateur, nettoya le circuit à grande eau, mit un peu d’acide chlorhydrique dans le radiateur, pour le détartrer puis le remonta sur la voiture et reprit la route.
Il arriva à Paris sans chauffe excessive. Mais quelques temps plus tard il se prit pour dieu en fabriquant un énorme nuage avec son break. Verdict, un joint de culasse ! Un !
Attention les choses sérieuses allaient commencer, le grand allait faire sa première grosse réparation.
Non sans une certaine appréhension.
Il demanda de l’aide à un de ses cousins, un des seuls qui l’ait vraiment aidé, celui-ci avait déjà eu de la mécanique à faire sur des DS. Il lui apprit comment démonter la culasse, (qui dut être changée pour cause de fêlure certainement due aux mauvais traitements subis pendant le trajet du retour de Nîmes), il lui apprit aussi à faire attention aux tiges de culbuteurs, à nettoyer le plan de joint en évitant de le rayer, à changer le joint et enfin à remonter la culasse en respectant l’ordre et le couple de serrage. Restait la grande question du réglage des culbuteurs. A chaud ou à froid ? A pile ou à face? Ce fut fait à froid et cela fonctionna très bien.
Le fait de changer ce joint et cette culasse ouvrait d’autres horizons au grand type, la mécanique n’est pas si compliquée quand on est bien conseillé. Le plus délicat reste le diagnostic, dans le cas présent ce ne fut pas trop difficile à trouver aux vues de la fumée et de la mayonnaise sur la jauge à huile.
Bien plus tard le grand type décida la restauration complète de ce break. Il acheta la revue technique et apprit comment sortir le moteur. Suivant pas à pas les instructions il se retrouva avec ce morceau de deux cent kilos suspendu au palan. Sacré bestiau ! Comme la place lui était comptée il dut aménager l’avant du break en établi. Puis il ouvrit le moteur, quelle exaltation!
Bien décidé à tout changer pour du neuf il mit purement et simplement tout à la poubelle sauf le vilebrequin.
Il trouva sans difficulté les cylindres et les pistons, les coussinets de bielles et de paliers ainsi que la chaîne de distribution. Il en fut tout autrement pour les bielles et la pompe à huile.
Heureusement qu’il n’avait pas vidé les poubelles il récupéra les bielles et la pompe. Ceci lui servi de leçon, ne rien jeter tant qu’on ne tient pas la pièce de rechange dans les mains. Ne pas changer les bielles n’est pas trop grave. Mais avec toutes ces pièces neuves il fallait une pompe à huile neuve ou remise en état.
Il fit pratiquement tous les Citroën de la région parisienne à la recherche d’une pompe. Il commençait à désespérer quand l’agence vers la porte de Versailles lui annonça enfin la bonne nouvelle.
Il allait pouvoir remonter le moteur. Il le fit toujours en suivant la revue technique. Il prenait de plus en plus d’assurance. Les doutes et les questions avaient laissés la place à la certitude. La repose du moteur se fit sans trop de problèmes après bien sûr avoir démonté l’établi de sur la voiture. Il fit appel à des amis mécanos père et fils pour lui apprendre les subtilités de l’allumage. D’abord trouver le point d’allumage. Tournevis sur premier piston, P M H, tourner l’allumeur jusqu’à ce que la lampe s’allume.
Il remplit la cuve du carburateur après avoir fait venir l’essence avec une autre pompe à essence venant d’une traction. Il vérifia que tous les fils étaient branchés il tournait virait. Tu parles ! Il avait le trac oui.
-Bon t’y vas ! Dit le fils mécano.
-C’est l’instant de vérité reprit le père, tout à l’air OK alors arrête de perdre du temps !! Si tu veux savoir si tu as merdé quelque part faut démarrer le moteur !! Alors, démarre !!
Point mort, starter, deux coups d’accélérateur, contact, angoisse, démarreur. Dans un bruit assourdissant le miracle s’accomplit. Le moteur démarra.
Le grand avait oublié de relier le collecteur d’échappement au tube. Le plus important fut que le moteur tournait. Le grand type remit le collier sur l’échappement pour pouvoir travailler dans le silence, puis vint le réglage définitif à la lampe stroboscopique.
Quelle fierté pour ce type. Oui je pense qu’il pouvait être fier. Fier de ne pas avoir lâché la rampe quand on lui disait « Cela fait longtemps que tu es membre du club des épaves » ou encore « Quand tu l’auras remontée, comme tu auras des pièces en trop tu pourras toujours les vendre au poids ».
Il ne lui restait plus qu’à refaire la carrosserie. Grâce à l’expérience acquise avec moi et le peu de travail à faire en tôlerie sur ce break il fit plutôt facilement la préparation avant peinture. Restait bien sûr à faire la peinture à proprement parler, on était loin de ma peinture au minium. Fallait que cela soit fait dans les règles de l’art. C’est en une nuit grâce à un ami qu’il rencontra un carrossier avec qui il apprit la théorie de la peinture et quelques petits trucs. La théorie seulement, restait à mettre en pratique. Toujours avec son peu de place et du système D il se fit une cabine de peinture en tendant du papier plastique à bulles et du papier kraft. Il fit plusieurs essais pour vérifier si la théorie pouvait être vérifiée par lui. Il avait quand même prévu un kilo de peinture en plus, fut très étonné d’apprendre que la peinture se vend au kilo alors que les moules se vendent au litre. Le voilà donc qui commence à peindre une porte arrière, autant commencer par du droit et du pas trop grand, je vous rassure amis carrossiers les éléments de carrosserie étaient tous démontés, il passa à l’acte et fut très convaincu par ce qu’il voyait.
Sans chercher à comprendre il peignit dans la foulée tous les éléments en commençant par l‘intérieur des éléments. Il n’eut que deux petites coulures facilement rattrapables. Quand la peinture fut sèche au toucher il décida de mettre la carrosserie au soleil pour qu’elle cuise. Et bien sûr, en allant mettre les ailes arrière dehors il s’entrava les pieds dans je ne sais plus trop quoi il se retrouva avec deux petites coulures et deux ailes arrière à repeindre.
Plus tard il rhabilla la caisse du break et constata qu’il n’avait pas peint le toit. Pas grave, il le démonta, le ponça et le peignit bien droit, debout avec la pièce bien devant lui. Attendit le séchage toujours au soleil et enfin le remonta sur la caisse il avait devant lui un résultat plus que convenable. Je ne sais pas pourquoi il avait décidé de peindre ce break en blanc et rouge, mais les sarcasmes ne tardèrent pas à arriver.
« Tiens tu as récupéré une voiture de pompiers ? »
L’intérieur de cette voiture ne fut jamais refait.
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